Programme de la soirée
Gabriel Fauré : « Pelleas & Mélisande » Ouverture et Sicilienne
Claude Debussy : « Petite Suite » En bateau, Cortège, Menuet, Ballet
Gabriel Fauré : « Ballade pour piano et orchestre »
ENTRACTE
Maurice Ravel : « Concerto pour la main gauche »
Maurice Ravel : « Boléro »
Orchestre Symphonique des Alpes
Direction : Martial RENARD
Soliste : Ilan Zatjmann

Quelques explications
Ouverture et Sicilienne de «Pelleas & Mélisande», Gabriel Fauré
L’œuvre Pelléas et Mélisande est une suite orchestrale (Op. 80) composée en 1898 pour accompagner la pièce de théâtre du même nom, écrite par Maurice Maeterlinck en 1892.
La pièce raconte une histoire d’amour tragique entre Pelléas et Mélisande dans un univers empreint de mystère et de fatalité.
L’ouverture établit immédiatement l’atmosphère énigmatique et rêveuse de l’œuvre. L’orchestre déroule un thème mélodique doux et fluide, marqué par une écriture très expressive des cordes et des bois. Le mouvement est empreint d’une tristesse contenue et annonce le drame qui se joue dans l’histoire de Pelléas et Mélisande.
La Sicilienne est sans doute le mouvement le plus célèbre de cette suite. La sicilienne est une danse d’origine italienne, caractérisée par un rythme pointé évoquant un balancement pastoral. Ici, Fauré l’adapte en une mélodie élégante et fluide, confiée à la flûte, accompagnée par la harpe et les cordes. Malgré sa légèreté apparente, elle reste empreinte d’une certaine nostalgie, typique de l’esthétique de Fauré.
« Petite Suite », Claude Debussy
La Petite Suite s’inscrit dans la période de jeunesse de Debussy.
À cette époque, Debussy est encore sous l’influence de compositeurs romantiques comme Fauré et Massenet. La légèreté et l’élégance de cette suite rappellent la musique de salon de la fin du XIXe siècle, mais avec une finesse d’écriture qui annonce déjà les chefs-d’œuvre impressionnistes à venir. L’œuvre s’inspire des poèmes de Fêtes galantes de Paul Verlaine, un recueil empreint de nostalgie et de délicatesse, dans l’esprit des peintures de Watteau et du XVIIIe siècle français.
I. En Bateau : Une mélodie fluide et ondulante évoque le mouvement paisible d’une barque sur l’eau. L’influence de Fauré est perceptible dans l’élégance et la douceur de l’écriture. Ce premier mouvement illustre une atmosphère rêveuse et contemplative, typique du symbolisme musical que Debussy développera plus tard.
II. Cortège : Un rythme entraînant et léger qui rappelle une marche joyeuse avec des accents de danse populaire entre légèreté et dynamisme. Ce mouvement dégage un caractère insouciant et festif, rappelant une scène de promenade ou de fête en plein air.
III. Menuet : Un menuet délicat et raffiné, dans l’esprit des danses du XVIIIe siècle. Une ambiance à la fois élégante et mélancolique. Ce mouvement illustre le goût de Debussy pour les atmosphères nostalgiques et les références à l’Ancien Régime.
IV. Ballet : Une danse vive et rythmée avec un esprit de fête. Ce dernier mouvement apporte une touche finale légère et énergique, concluant l’œuvre sur une note optimiste.
« Ballade pour piano et orchestre », Gabriel Fauré
La Ballade pour piano et orchestre Op. 19 est une œuvre composée en 1879 pour piano seul et orchestrée ensuite en 1881. Fauré, alors âgé d’une trentaine d’années, commence à se faire un nom dans le monde musical français.
Cette pièce adopte une forme libre, entre le poème symphonique et le concerto, mais sans véritable dialogue concertant entre le piano et l’orchestre. Elle est divisée en plusieurs sections contrastées :
Un début contemplatif. L’œuvre s’ouvre par une introduction calme et poétique, où le piano expose un thème mélodique doux et sinueux. Cette première section installe une atmosphère introspective, propre au langage harmonique de Fauré.
Un développement lyrique et expressif. Un changement de tempo, plus animé, en dialogue avec l’orchestre. Après cette introduction rêveuse, l’œuvre gagne en intensité avec un passage plus virtuose où le piano déploie des traits fluides et aériens. L’orchestre intervient avec des réponses délicates, sans jamais écraser le discours pianistique.
Retour au calme. Vers la fin de l’œuvre, la musique retrouve son caractère méditatif initial, clôturant la Ballade sur une note de sérénité, loin des finales brillants et dramatiques des concertos romantiques.
« Concerto pour la main gauche » de Maurice Ravel
Le Concerto pour la main gauche en ré majeur de Maurice Ravel a été composé entre 1929 et 1930 à la demande du pianiste autrichien Paul Wittgenstein qui avait perdu son bras droit pendant la Première Guerre. L’œuvre est contemporaine de son Concerto en sol majeur, mais contraste fortement avec ce dernier : là où le Concerto en sol est léger, jazzy et éclatant, le Concerto pour la main gauche est plus sombre, dramatique et orchestralement dense.
Le concerto est conçu en un seul mouvement structuré en trois parties principales :
Introduction mystérieuse et dramatique. L’œuvre s’ouvre sur un passage orchestral grave et imposant, dominé par les contrebasses et les bassons, créant une atmosphère inquiétante. Le piano entre discrètement, avec une ligne mélodique fluide, puis adopte une écriture plus percussive et virtuose.
Développement contrasté et rhapsodique. Dans cette partie, on trouve des moments lyriques et méditatifs, où le piano adopte un jeu plus expressif, des sections énergiques et rythmiques, où la main gauche donne l’illusion d’un jeu à deux mains grâce à l’alternance entre basses profondes et traits aigus rapides.
Finale explosive et virtuose. Retour du caractère dramatique et orchestral du début avec une montée en intensité, un piano toujours plus imposant face à l’orchestre. L’œuvre se termine par un éclat orchestral grandiose et énergique.
L’ orchestration riche et puissante confère à l’œuvre une tension dramatique constante.
« Boléro» de Maurice Ravel
Le Boléro de Maurice Ravel fut composé en 1928 à la demande de la danseuse russe Ida Rubinstein, qui souhaitait une musique originale pour un ballet. Un immense succès lors de la première avec des réactions mitigées : Certains furent fascinés par son caractère hypnotique, tandis que d’autres critiquèrent sa répétitivité.
Le Boléro est l’une de ses dernières grandes œuvres avant que la maladie neurologique dont il souffrait ne l’empêche de composer.
L’œuvre repose sur un principe de répétition ininterrompue, basé sur un crescendo orchestral progressif.
Un rythme constant : Un ostinato rythmique joué par la caisse claire accompagne l’ensemble de l’œuvre, sans variation.
Deux thèmes mélodiques :
Le 1er thème d’abord par la flûte, simple et fluide, évoquant une mélodie espagnole.
Le second thème similaire, mais plus lyrique, se développe progressivement.mains grâce à l’alternance entre basses profondes et traits aigus rapides.
Ces deux thèmes sont répétés 18 fois avec une orchestration de plus en plus dense. Pour ne pas lasser le public, Ravel propose une progression instrumentale : introduction progressive des instruments, variant les couleurs sonores :
o Début très léger (flûte, clarinette, basson).
o Ajout progressif des cuivres et cordes.
o Explosion orchestrale finale, avec tout l’orchestre en fortissimo. Le volume augmentant graduellement, cela créée une tension irrésistible qui mène au climat final.
Le Boléro est une œuvre fascinante par son audace et sa simplicité apparente. En jouant sur un crescendo orchestral progressif et une répétition hypnotique, Ravel crée une musique à la fois puissante et envoûtante, repoussant les limites de l’orchestration traditionnelle. Ce chef-d’œuvre minimaliste continue de captiver les auditeurs, confirmant le génie de Ravel en tant qu’orchestrateur et innovateur du XXe siècle.